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Submitted by admin on Wed, 02/19/2025 - 15:42

Bruxelles, le 19 février 2025

 

Jambo ASBL exprime sa profonde inquiétude face à la décision du gouvernement rwandais de suspendre le programme d’aide bilatérale avec la Belgique. Ce choix traduit un repli sur soi préoccupant, qui aura des conséquences directes sur la population rwandaise, déjà affectée par la restructuration de l’aide au développement des États-Unis et des activités de l’USAID.

L’aide belge était d’une importance significative pour les citoyens rwandais, notamment dans des secteurs clés tels que la santé, l’agriculture et l’urbanisation. En coupant unilatéralement cette coopération, le gouvernement rwandais pénalise d’abord et avant tout ses propres citoyens, alors que le pays fait face à des défis socio-économiques majeurs.

Les cadres de médiation africano-africain en échec

Jambo ASBL appelle à une remise en question urgente des mécanismes de médiation, politiques et diplomatiques intra-africains, dont l’inefficacité est désormais manifeste.

  • Le processus de Nairobi, initié par l’EAC et conçu pour inclure le M23, a été rejeté par ce dernier, compromettant toute avancée significative.
  • Le processus de Luanda, sous l’égide de l’UA, malgré les efforts du président João Lourenço et la volonté politique affichée du président Félix Tshisekedi, n’a jamais réussi à freiner l’avancée des troupes rwandaises et de leur supplétif, le M23, depuis près de deux ans.
  • Le sommet conjoint EAC-SADC de Dar es Salaam du 8 février 2024 avait pourtant abouti à un engagement clair : « l'instauration d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ». Pourtant, en violation flagrante de cette décision, l'armée rwandaise, accompagnée du M23, a intensifié ses offensives, réalisant la progression la plus importante en trois ans de guerre. En l’espace de quelques semaines, elle a avancé de près de 250 kilomètres, défiant ouvertement les mécanismes de paix africain et la communauté internationale, jusqu’à prendre le contrôle de Bukavu, capitale du Sud-Kivu, une deuxième ville majeure tombée sous leur domination.

Ces échecs répétés illustrent le mépris du Rwanda pour ces cadres de résolution africains, dont il refuse systématiquement de respecter les décisions. L’absence totale de répercussions face à ces violations flagrantes du droit international encourage Kigali à poursuivre son avancée militaire sans entrave.

Le volontarisme belge, une réponse fondée sur les principes du droit international

Dans ce contexte, l’action de la Belgique est pleinement justifiée et nécessaire. Elle s’inscrit dans la défense de principes fondamentaux :

  • Le respect du droit international et de la Charte des Nations Unies ;
  • L’inviolabilité de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des États ;
  • La protection des populations civiles, qui subissent des violations graves des droits humains.

Les crimes documentés par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), notamment l’exécution sommaire d’enfants par les militaires rwandais et le M23 à Bukavu, illustrent l’urgence d’une action internationale résolue.

Un appel aux partenaires internationaux du Rwanda

Jambo ASBL exhorte les principaux partenaires économiques, militaires et diplomatiques du Rwanda à user de leur influence pour amener Kigali à reconsidérer son engagement dans ce conflit :

  • Les États-Unis, l’Union européenne et ses États membres, en tant que partenaires majeurs du développement rwandais ;
  • La Chine, les Émirats arabes unis et le Qatar, parmi les principaux partenaires commerciaux du Rwanda ;
  • La France, la Turquie, la Russie et le Secrétariat général adjoint aux opérations de paix de l’ONU, qui entretiennent des liens de coopération militaire avec Kigali.

Nous appelons ces acteurs coopérant avec Kigali à sanctionner les dirigeants militaires et surtout politique rwandais par le gel de leurs avoirs, des restrictions de voyage et la suspension de tout nouvel investissement ou partenariat avec le Rwanda.

Nous exhortons également tous les partenaires étatiques et privés à cesser toute coopération militaire avec Kigali, à suspendre les ventes d’armes et toute assistance sécuritaire.

Enfin, nous demandons au Conseil de sécurité de l’ONU de suspendre la participation du Rwanda aux opérations de maintien de la paix et d’instaurer un embargo temporaire sur les minerais étiquetés comme rwandais, en attendant un accord incluant la RDC pour garantir leur traçabilité et éviter qu’ils ne proviennent de zones de conflit.

Ces mesures visent à parvenir à :

  1. L’arrêt immédiat de l’offensive militaire des forces rwandaises et du M23 en RDC ;
  2. L’acceptation et le respect d’un cessez-le-feu véritable et durable ;
  3. Le retour du Rwanda dans un cadre de dialogue politique et diplomatique crédible et efficace ;
  4. Le retrait sans condition des troupes rwandaises du territoire congolais.

 

Une voie vers la paix pour les populations de la région des Grands Lacs

Jambo ASBL réaffirme que la seule issue viable pour mettre un terme à la tragédie humaine qui se joue dans l’Est de la RDC repose sur une action concertée et déterminée de la communauté internationale. L’heure n’est plus à la complaisance face aux violations du droit international. L’instauration d’une paix durable passe nécessairement par des mesures de pression diplomatiques, économiques et politiques fortes, afin de contraindre le Rwanda à revenir dans un cadre de coopération respectueux des principes fondamentaux du droit international et des aspirations des peuples de la région.

 

Norman Ishimwe SINAMENYE

Président de Jambo ASBL

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