En cette Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin 2024, Jambo ASBL, fervent défenseur des droits humains, exprime sa profonde préoccupation face à l'oubli systématique des réalités des réfugiés rwandais dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) dans le contexte de la crise actuelle.
Nous rappelons que, selon les données du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), 207,249 réfugiés rwandais sous mandat de l'ONU résident en RDC, un chiffre qui sous-estime grandement le nombre réel, ne tenant pas compte des individus apatrides ou non-enregistrés. Ces réfugiés, parmis les cibles premières de l’armée rwandaise et du M23, endurent depuis près de trois décennies des conditions inhumaines, victimes de massacres et de violences systematiques, traqués injustement sous l'accusation collective de génocidaires.
Malgré l'ampleur de cette tragédie, la situation de ces réfugiés est ignorée dans des forums cruciaux tels que le processus de Nairobi sous l'égide de l'EAC, la feuille de route de Luanda, ou l'initiative tripartite dirigée par le HCR pour le rapatriement volontaire. Leur détresse n'est abordée dans aucune discussion relative à la stabilisation à l'est de la RDC.
Il est essentiel de souligner l'incohérence des discours émotionnels initiés par le régime de Kigali sur les Rwandophones en RDC prétendument victimes d'un génocide en cours. Ces discours omettent de reconnaître que la majorité des réfugiés rwandais, principalement des Hutus, constituent l'une des plus importantes communautés rwandophones du pays.
En effet, ces réfugiés sont les survivants et les descendants des Rwandais qui, en 1994, ont fui le pays à la suite de la prise de pouvoir sanglante par le FPR. Selon le rapport Mapping de l'ONU, ces réfugiés ont été victimes de crimes commis entre 1993 et 2003, qui pourraient être qualifiés de génocide contre les Hutus devant un tribunal compétent.
Ce déplacement massif, impliquant deux millions de personnes, a engendré un exode continu qui ne s'est pas résorbé et reflète les défis persistants dans la région. Les programmes de retour volontaire n'ont pas suffi à atténuer le nombre alarmant de réfugiés, avec seulement 9,353 rapatriements au Rwanda au cours des cinq dernières années, dont un nombre significatif sous contrainte.
Il est alarmant de constater l'absence d'aide humanitaire spécifique dédiée aux réfugiés rwandais en RDC, qui constituent la majorité des réfugiés dans le pays et représentent la deuxième plus grande population de réfugiés sous mandat de l'ONU. En contraste, les réfugiés de la République Centrafricaine, du Soudan du Sud et du Burundi reçoivent une attention particulière, bien que justifiée.
Jambo ASBL appelle à une reconnaissance internationale de cette crise et à l'intégration des réalités des réfugiés rwandais dans toutes les initiatives de paix et de stabilisation. C'est dans cet esprit que de nombreux membres de notre organisation sont engagés au sein du mouvement All for Rwanda, qui regroupe un nombre important de réfugiés et promeut le soutien, la protection et l'avènement de solutions permettant le retour digne des réfugiés rwandais dans leur pays.
Aucune solution politique durable pour parvenir à la pacification et à la stabilité de la région ne pourra être trouvée sans adresser les racines profondes de la crise politique et humanitaire vécue par les réfugiés rwandais. Nous plaidons pour une action à la fois politique et humanitaire immédiate afin de venir en aide à ces personnes, non seulement pour alléger leurs souffrances, mais aussi pour restaurer leur dignité et leurs droits fondamentaux.
Marie Odile Umutesi
Coordinatrice en charge des droits de l’homme