La condamnation de Pussy Riot divise l’opinion russe. Le 17 août 2012, la justice russe a condamné trois membres de Pussy Riot à deux ans de détention en camp pour une prière anti-Poutine dans une cathédrale. Refusant d’implorer la grâce présidentielle, les trois condamnées ont fait l’appel. L’une d’elles a vu sa peine transformer en sursis et puis elle a été libérée. Les deux autres purgent leur peine. A en croire l’avis de certains russes opposés au régime de Poutine, l’appareil judiciaire de Moscou doit être remis en cause a priori. Ils pensent que le procès de Pussy Riot ressemble aux allures de règlements de compte. D’autres russes, par contre, estiment que cette condamnation est juste.
Selon le Centre Levada cité par les médias russes, un sondage d’opinion a eu lieu entre la période allant du 10 au 13 août 2012 peu avant le verdict de la justice. Les résultats de ce sondage indiquent que 44 % des Russes donnaient du crédit à ce procès en estimant qu’il était juste, impartial et objectif. Tandis que 17% disaient le contraire. Enfin, 39 % ne se sont guère prononcés.
Il importe de noter que l’affaire « Pussy Riot » a pris une autre tournure lorsque l’Eglise Orthodoxe russe directement impliquée a tapé du poing sur la table pour réagir fermement. Dès lors. Les voix se sont élevées. Une pétition est lancée contre les accusées. Le patriarche Kirill parle de « sacrilège ». Son porte-parole Vsevold Tchapline, évoque même d’un « crime plus qu’un meurtre ». Force est de le constater, derrière ce discours enthousiaste religieux, il se cache aussi une propagande politique. Certes la liberté d’expression doit s’effacer devant la liberté religieuse. Mais, l’affaire de « Pussy Riot » nous présente un contexte bien différent. Tel est d’ailleurs l’avis partagé par une partie des croyants russes qui considère que les Pussy Riot devraient être jugées comme ce fut le cas. Mais elles ne devraient pas être emprisonnées. D’où la pétition de l’Eglise Orthodoxe russe a été fortement critiquée au sein même de la maison.
Tout récemment, les violons ne se sont pas accordés dans les discours de Kremlin. Le premier ministre russe, Dimitri Medvedev a, lors d’une rencontre avec les responsables de la Russe Unie, estimé que les Pussy Riot ne devraient pas être emprisonnées. Renvoyant ainsi la balle à la justice qui à son avis dit Medvedev, il n’aurait pas dû prendre une telle décision. La réponse ne se fait pas attendre. Dans une interview sur la chaîne NTV citée par l’agence de presse russe, le 7 octobre dernier, Vladimir Poutine a jugé la décision du tribunal très bonne. « En fait, il est correct qu'elles aient été arrêtées et il est correct que le tribunal ait pris une telle décision. Car il ne faut pas saper les fondements de la morale, détruire le pays. Que nous reste-t-il, sinon ? » S’est interrogé le président russe.
Et dans tout cela qui dit mieux ?
MATI MATHY