Le livre sur la famille royale belge alimente la polémique. Paru le mois dernier, l’ouvrage « Questions royales » de Frédéric Deborsu a fait couler d’encre et de salive, pouvait-on le remarquer dans le paysage médiatique en Belgique. Même avant sa sortie en librairie, « Question(s) royales(s) » suscitait déjà la polémique. Frédéric Deborsu, auteur du livre et journaliste, quant à lui s’en est toujours défendu: Son livre ne fait que dévoiler la vraie personnalité des membres de la famille royale. Ses adversaires, au contraire, lui reprochent un manque de respect de règles déontologiques de base du journalisme. Compilation des ragots pour les uns, résultat d’un travail journalistique pour d’autres, « Question(s) royale(s) » aura sans doute un mérite, celui d’interroger la profession sur les limites de ses pratiques. Le débat est donc lancé !
La liberté d’expression permet-elle de tout dire ?
En 1976, lors de l’arrêt Handyside, la Cour européenne des Droits de l’Homme avait estimé que la liberté d’expression vaut non seulement pour les informations ou idées qui sont accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’Etat ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de société démocratique.
Il y a lieu de signaler que la liberté d’expression comporte aussi des principes des devoirs et de responsabilité. L’affaire « Deborsu » nous présente une belle illustration. On est dans une situation dans laquelle, le journaliste doit être responsable de son opinion. Faudra-t-il recourir à l’autocensure ? Il est à noter que la liberté d’expression n’a toujours pas de caractère absolu. Rappelons qu’en Belgique, un décret sur la presse du 20 juillet 1831, dans son article 2, protège ceux qui incarnent les institutions. A en croire François Jongen, professeur à l’Université catholique de Louvain, le législateur, s’est efforcé de protéger les personnes qui incarnent les institutions à commencer par le Roi et les membres de la famille royale. Par la suite, la loi du 6 avril 1847 apporte des modifications au décret de 1831 sur la presse et pour punir plus « facilement » les offenses envers la personne du Roi, voire les offenses envers les membres de la famille royale. Par ailleurs, François Jongen constate dans son cours de « Droit des Médias et de la Communication » que l’actualité récente, et certaines critiques envers certains membres de la famille royale, ont toutefois prouvé que ces textes ne sont plus véritablement d’application aujourd’hui.
MATI MATHY