Ancien trio phare de la scène punk russe, les Pussy Riot purgeront leur peine pour vandalisme en simple duo. En effet, le troisième membre, Ekaterina Samoutsevitch(30ans) est sortie en femme libre de son procès en appel du 16 octobre. Nouveau dénouement suite à un changement dans la défense ; Samoutsevitch a engagé une nouvelle avocate, Irina Khrounova, pour représenter ses intérêts. Résultat : une défense indépendante de celles des autres P.R. , centrée sur le fait que Samoutsevitch n’a pas participé à la performance. Elle n’en a tout simplement pas eu le temps puisqu’ elle a été immédiatement saisie par les gardes de sécurité.
En août, Nadejda Tolokonnikova (22ans) et Maria Alekhina (24ans) ont été condamnées à deux ans de camps suite à leur petit concert intimiste du 21 février dernier à la cathédrale du Christ Sauveur, une église orthodoxe de Moscou. Intimiste, leur concert ne l’était pas tellement. En effet, celui-ci fut interrompu sur le champ par les gardes de sécurité. Guitare à l’épaule et visages encagoulés, elles ont entonné une prière punk dans laquelle elles suppliaient la Vierge Marie de chasser Poutine du pouvoir. Le trio a été démembré mais Samoutsevitch n’abandonne pas ses compagnes de route et compte porter l’affaire auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Mais que va-t-il advenir des deux jeunes femmes dans ces camps ? Si leur but était Si leur but était de dénoncer un organe étatique étouffé par la main de fer du président russe ; mission accomplie. Même si elles en paient le prix fort : leur liberté. Elles en seront privées pour seulement « deux petites années », dixit Poutine, l’homme fort de Russie. Le même homme à qui, Alekhina, l’une des Pussy Riot, reproche de trouver leur nom de scène («la révolte des chattes») indécent « alors qu’il considère "normal "d’aller buter ses ennemis jusque dans les chiottes"».
Ren Jianyun ; Deux ans de camps pour un tweet.
En septembre 2011, une sanction similaire s’abattait sur Ren Jianyun, fonctionnaire âgé de 25ans dans village de Chongqing, province située au sud-est de la Chine. Condamné à passer deux ans dans un camp de rééducation par le travail pour un tweet, Jianyun, enseignant devenu fonctionnaire communal, partageait les frustrations liées à son nouveau poste sur son blog (enregistré sous un pseudonyme Xiao Ben). Emprisonné pour avoir posté des bulletins bleus et rouges brandis par une forêt de mains tendues avec le slogan « Un bulletin pour tous pour changer la Chine » et des posts appelant à la chute du parti. Motif de l’arrestation : les propos tenus incitent à la « subversion du pouvoir de l’Etat ». Cependant, Jianyun a vu le procureur de Chongqing abandonner les charges retenues contre lui et la police faire de même. Malheureusement, l’affaire ne s’est pas arrêtée là. Retournement de situation : Le 23 septembre, le comité de rééducation par le travail de sa province, sans doute en manque de travail, s’en est mêlé et a condamné le fonctionnaire à passer deux ans dans un Laojiao, un camp de rééducation par le travail. Il a déjà effectué une année de sa peine, mais ce 10 octobre s’est ouvert son procès en appel. En 2007, le gouvernent avait entrepris une réforme de ce système qui autorise les organes de l’Etat à emprisonner un individu pour une période pouvant aller jusqu’à quatre ans, sans procès préalable. Mais il a rencontré une résistance de la part des forces de l’ordre. En effet, ceux-ci se remplissent les poches grâce au travail des détenus qui confectionnent « des guirlandes de noël, fabriquent des poignées pour les cartons de lait et des ballons de basket sans être rémunérés» témoigne l’avocat Li Heping dans un article du RFI (site d’information). Même s’il y a peu de chances que Jianyu sorte avant la fin de sa peine, son sort permet de mettre sous les projecteurs un mécanisme de contrôle social d’un temps révolu mais répandu. Signe d’une certaine avancée dans la marche de la République Populaire Chinoise vers une certaine démocratisation, des journaux appartenant à l’Etat,ont ouvertement soutenu la cause du jeune fonctionnaire. Le Global Times (propriété de l’Etat) et le Beijing News ont appelé à une plus large liberté d’expression, même critique envers le pouvoir en place. Une étincelle à placer dans un contexte d’une Chine en en pleine mutation, avec Xi Jinping, homme au parcours atypique, fraîchement élu au poste de secrétaire général du Parti Communiste.
Kostas Vaxevanis ; « La démocratie, une bien étrange créature »
Pendant ce temps-là, en Grèce, la liberté de la presse a reçu un coup dur avec l’affaire de la liste Lagarde. Rédacteur en chef de l’hebdomadaire Hot Doc, Kostas Vaxevanis se faisait arrêter puis relâcher le 28 octobre pour avoir publié une liste de 2059 noms de citoyens grecs détenteurs présumés de comptes en Suisse. Avec une crise qui a mis le pays à genoux, le journaliste voulait dévoiler la corruption toujours présente et devenue indécente dans le contexte actuel. Acquitté le 1er novembre, Vaxevanis porte un regard sévère sur la situation de la presse dans son pays. « Dans la mythologie grecque, la justice est aveugle. Dans la Grèce moderne, elle fait des clins d'œil et hoche la tête.», dénonce l’éditeur dans une lettre ouverte à presseurop.eu (site consacrée à la presse européenne). Il conclut en posant ce diagnostic désabusé : « Dans le pays qui a vu naître la démocratie, ainsi que nous nous plaisons à le rappeler, la démocratie est devenue une bien étrange créature. Les décideurs veillent à ce que le droit de vote ait valeur de garantie démocratique, tout en niant la démocratie en abusant des pouvoirs que les électeurs leur confient. Et la justice reste prisonnière du politique »
Marie