Le livre de Frédéric Deborsu, paru en octobre 2012, a été soumis au Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ) sur demande du Palais Royal. Celui-ci sera chargé de déterminer si des manquements à la déontologie ou des erreurs sont avérés dans le livre. Néanmoins, avant de remettre sa sanction (qui n’est pas comparable à celle des tribunaux) cet organe d’autorégulation devra d’abord statuer sur sa compétence sur le sujet. En effet, il s’agit ici d’un livre et non « d’une pratique journalistique utilisée dans un support produit par un éditeur de presse » .
Ce n’est pas la véracité des faits dévoilés qui est mise en doute mais bien de savoir si ceux-ci relèvent de l’intérêt public. En effet, l’enquête du journaliste est un travail de fond, sur le terrain, documenté et de longue haleine, pour lequel ce royaliste (tant que la Belgique existe) a fait attention de bien recouper différents témoignages indépendants les uns des autres avant de les publier. Certains passages toutefois sont plus proches du ragot ou de la supputation que d’une enquête journalistique (cf. : Laurent victime d’attouchements, une allusion à une relation homosexuelle de Philippe, les aventures de Paola, la fortune de Lorenz, Albert II adepte des maisons closes, naissance par procréation assistée des enfants de Mathilde). Mais ces passages –quelques pages sur l’ensemble du livre– ne résument en aucun cas le livre. L’association des journalistes professionnels qualifie d’ailleurs ce travail comme étant celui d’un journaliste digne de ce nom.
Ecarté de l’antenne de la RTBF pour un mois (renouvelable), l’auteur dévoile dans son ouvrage une famille royale digne des meilleurs sitcoms et thrillers hollywoodiens. On y découvre une famille royale consciente de son devoir, de son image mais aussi de la fragilité de son statut de monarchie constitutionnelle qui tend vers la monarchie protocolaire au mieux et vers sa « disparition », si elle venait à « perdre le nord ». De mariages arrangés et précipités en familles fracturées (cf. : Albert II et Paola auraient capitulé face à l’éducation de leurs enfants qui ne se sentent pas aimés), on comprend parfois mieux le comportement « frustré » de Philippe ou le violent tempérament de Laurent qui, en plus de multiplier les conquêtes (parfois jusqu’à cinq en même temps), serait d’une jalousie maladive allant jusqu’à en battre certaines. Peu médiatiques par rapport aux autres familles royales du vieux continent, les membres de la famille royale belge font peu état de leur forte croyance religieuse (ils seraient pratiquant du Renouveau Charismatique) et restent adeptes de l’obscurantisme autour de leurs dotations ; pingres, ils ont un rapport difficile avec l’argent de peur de tout perdre, suite à la dilapidation de la fortune –congolaise– de Léopold II par sa femme des derniers instants.
En somme, c’est une famille humaine avec tous les défauts propres à la société mais soumise à des conditions et contraintes propres à la royauté, une famille qui se dévoile au fur et à mesure que l’on parcoure l’ouvrage.
A l’heure des réseaux sociaux qui exacerbent le voyeurisme (et le narcissisme) de la population, même la famille royale n’y échappe pas. Le bon Roi et le Prince qui veut bien faire se retrouvent, malgré eux, victimes malgré eux des nouvelles réalités sociales. Peut-être n’est-ce pas si mal, comme disait l’enfant : « le Roi est nu », en tout cas un peu désacralisé et donc plus proche du peuple.